Varano, Rodolfo (II) da


di:
Estremi anagrafici:

† 1384



Durata cronologica della dominazione:

Rodolfo apparaît comme le premier héritier de son grand-père Gentile II († 1355 ca.) dans le testament que ce dernier rédige en 1350. Son père Berardo II est mort en 1341. R. tient le premier rôle au sein de la fratrie jusqu’à son décès, après avoir obtenu la légitimation d’une partie de son pouvoir par la papauté dans les années 1370.

 



Espansione territoriale della dominazione:

R., Venanzio et leurs deux frères possèdent de nombreux castra dans le contado de Camerino. Certaines de leurs possessions leur ont été léguées en indivision par leur grand-père (vede scheda “Gentile II”).

Plusieurs mentions attestent qu’au milieu du xive siècle, R. s’empare de castra et de rocche après avoir recouru à la force ou à l’intimidation. Il est cité à comparaitre devant la curie pontificale en 1343, avec son grand-père Gentile et un Giovanni da Varano qui est probablement son propre frère, pour avoir envahi les castra de Tolentino et de San Ginesio ainsi que pour avoir occupé “tirannice” Camerino et son contado. C’est sans doute lui qu’il faut encore reconnaître derrière le “nobiles Rodulfus Novellus, miles Camerinensi” auquel Clément VI intime en 1351 l’ordre de restituer à l’Eglise romaine Monte Santo, un castrum du duché de Spolète. L’emplacement de ce village fortifié assez éloigné de Camerino montre qu’il ne s’agit pas tant pour R. de dominer un territoire continu que de contrôler des lieux stratégiques, rémunérateurs et susceptibles de le placer dans une situation de force lors de négociations avec les grands acteurs d’Italie centrale. L’un des fils de R., Gentile, sera encore seigneur de Monte Santo dans les années 1380. R. pratique le racket, comme avec Amandola (distr. Macerata) dont la commune lui verse en 1351-1352 plusieurs centaines de florins d’or contre le maintien de sa liberté et se trouve ainsi asphyxiée financièrement. En 1376, avec près de trente autres villages, elle se place sous la protection directe de Rodolfo, en raison de la présence menaçante de bandes de mercenaires.

En 1354, R. fait amende honorable pour avoir occupé des terres de la Marche d’Ancône et prête serment de fidélité entre les mains du cardinal Albornoz, légat du Saint-Siège et vicaire général pour toutes les terres de l’Eglise en Italie. En échange de sa soumission, il reçoit en fief les deux castra de Tolentino et de S. Ginesio, sur lesquels il a donc continué à peser après 1343. Son grand-père possédait d’ailleurs de nombreux biens à S. Ginesio alors que Tolentino était dominée jusqu’en 1340 par des parents des da Varano, les Accorrimboni (Accorimbono di Giovanni est dénoncé post mortem comme tyran au cours d’une enquête pontificale de 1341). La concession en fief est valable 12 ans. En 1371, Grégoire XI mentionne R. comme vicaire à Tolentino et à S. Ginesio avant d’autoriser, l’année suivante, la transmission de la charge à ses trois frères s’il venait à décéder. Deux ans plus tard, dans les registres pontificaux, R.  est encore cité comme vicaire des deux lieux.

Les frères da Varano exercent une influence étendue dont la nature reste difficile à définir, sur l’ensemble du territoire de Camerino. Compilée entre 1362 et 1367 à partir d’éléments réunis dans la décennie précédente, la Descriptio Marchiae d’Albornoz indique que la cité domine soixante-et-un castra et soixante-douze villae. Elle serait tenue avec son contado “sine titulo tirampnice” par “dominus Rulphus et fratres”, qui se seraient emparés illégalement des castra de Sernano (fait déjà mentionné dans l’enquête de 1341), Belforte, et Penne San Giovanni (trois lieux où Rodolfo obtient par la suite la charge podestat, cf. infra). A cause de cela, les quatre hommes sont étiquetés comme “tyrans”. La Descriptio indique qu’ils tiennent en outre huit rocche du contado de Camerino[1] et cite R., seul cette fois, comme le propriétaire de Castelgismondo (dioc. Fermo). Elle le mentionne également comme le maître légitime de Tolentino, S. Ginesio et de Castel Manardo, qu’il tient “sub titulo et vicariatu”. Le document évoque enfin plusieurs castra dont R. (en commun avec ses frères pour certains lieux) partage le contrôle avec les communes de Camerino ou de Tolentino. Ainsi pour Fiastra : “tenet (sic) comune Camereni, dominus Rodulfus et fratres”. En 1363, un laissez-passer émis par Albornoz indique que R. gouverne les castra et terre de Montolmo, Monte Milone et de Monte Cassiano et l’autorise à en importer des céréales. Venanzio reçoit lui le droit de transporter des céréales de Montecchio à Camerino. Les deux frères jouissent donc, au minimum, de l’assentiment de l’Eglise pour le pouvoir qu’ils détiennent dans ces derniers lieux.

Ces mentions hétérogènes indiquent que sur un arc d’une trentaine d’années, la fratrie de R. exerce de fortes pressions sur un grand nombre de points du territoire de la Marche d’Ancône. Elle possède des tours dans la campagne, des biens et des droits dans de nombreux villages fortifiés, auprès desquels elle peut jouer le rôle de protecteur pour une durée plus ou moins longue. Elle en obtient parfois une magistrature ou un titre attestant formellement la reconnaissance d’une domination temporaire. R. renforce l’emprise ancienne de la famille sur les deux grands castra des environs de Camerino, dont il supervise le gouvernement au nom du pape. Cette présence permet à R. de s’imposer comme l’un des acteurs incontournables de la défense militaire de la Marche d’Ancône. En 1366, le recteur l’associe au système d’alerte permettant d’annoncer la progression d’une compagnie de mercenaires et le charge des signaux à émettre depuis S. Ginesio et le contado de Camerino.

Les années 1370 marquent une nette inflexion et apportent la légitimation du pouvoir exercé sur plusieurs espaces. Avec la charge de vicaire au temporel, le pouvoir exercé sur S. Ginesio et Tolentino est ancré par le pape au sein de la fratrie, pour plusieurs années. La position des da Varano est confortée à l’intérieur même de Camerino. Deux lettres de Grégoire XI, en 1373 et 1375 y citent R. comme vicaire pontifical au temporel. En 1375, le pape remet les “statum et regimen” de la cité et de son district, “ad gubernationem, statum, prehemientiam domini Rodolfi et fratrum”.

Durant la guerre des Huit saints (1375-1378), R. combat d’abord dans les rangs de la Ligue florentine, profitant de la situation pour accroître son emprise territoriale. Plusieurs terre de la Marche d’Ancône, dont Fabriano, se placent sous sa protection et le reconnaissent comme seigneur. Refusant de céder à Florence le contrôle des terres qui se sont soumises à lui et vraisemblablement désireux de retrouver sa charge de vicaire pontifical (cf. infra), R. rejoint ensuite le camp du pape.

Les territoires appartenant aux zones d’influence des da Varano font l’objet d’une protection commune de la famille lorsque les circonstances l’exigent. En juin 1380, une convention est passée entre, d’une part, “le puissant seigneur Rodolfo, ses frères et ses nepotes” et, de l’autre, quelques capitaines de la Compagnie de San Giorgio. Ces derniers s’engagent à épargner ce qui est désigné comme les “terres” de R.: trois cités (Camerino, Numana et Macerata), sept terre et douze castra dans la Marche d’Ancône, le tout réparti à travers trois diocèses (Camerino, Fermo et Macerata), auxquels s’ajoutent deux lieux tenus dans le duché de Spolète, un certain castrum leonis localisé in Ravegnana, et six autres lieux dont ni le statut ni la localisation ne sont précisés. On ne saurait faire de cet ensemble hétérogène et discontinu un Etat territorial. Il s’agit plutôt d’une juxtaposition d’espaces aux statuts différenciés, provisoirement placés sous la protection d’une famille par ailleurs incapable de les défendre par les armes. R. fait figure de parrain négociant le montant des extorsions avec les mercenaires. Il intervient cependant directement dans l’administration de certaines terres sur lesquelles sa tutelle se fait plus lourde et où il peut avoir un vicaire. Il désigne également des magistrats, comme le podestat d’Amandola en 1384, une terre où il exige, en contradiction avec les statuts de la petite commune, la libération d’un prisonnier.

Cependant, les contours de la zone d’influence de la famille restent très changeants. En 1390, Amandola est dans l’orbite des Smeducci de San Severino.



[1] Campolarzo et Santa Lucia (le second acheté par Gentile II en 1327, les deux légués par testament en 1350), Varano, Sentino, Spinulum, Castel Raimondo, Crispiero, Telarium : une accolade marginale indique cependant que ces châteaux “tenentur per filios domini Fidesmidi de Varano”. Il s’agit sans doute du Fidesminus di Rodolfo da Varano podestat de Florence en 1337.

Origine e profilo della famiglia:

La tradition attribue aux da Varano d’anciennes origines féodales, ce qu’aucun document ne vient confirmer. Les membres de la famille apparaissent parmi les représentants éminents de l’aristocratie urbaine et assument d’importantes charges au sein de la commune au cours du xiiie siècle. Ils appartiennent au réseau guelfe d’Italie centrale et combattent contre les gibelins dans les années 1320. R. se rallie à Albornoz, ce qui apporte des avantages substantiels à sa famille au milieu du xive siècle (cf. supra).


Titoli formali:

R. apparaît dans la documentation avec le titre de miles. En 1355, il est “in provintia Marchie Anconitane pro Sancta Romana Ecclesia vexillifer. Le scriptor du cardinal Albornoz le qualifie de “nobile[s] et poten[s] ui[r] domin[us] Rodulf[us]  Berardi, mil[es] Camerinense”. Il est appelé “magnificus miles dominus Rodulfus de Camerino” par les gens du castrum de Camporotondo sul Fiastrone. Dans son testament, il se présente comme le “magnificus et potens uir dominus Rodulfus domini Berardi domini Gentilis, miles, de nobilibus de Varano, civis Camerinensis”. Son frère Venanzio est lui aussi miles.

R. est nommé capitaine de la guerre à Florence en 1369, ce qui lui permet notamment d’être appelé “imperator exercitus Florentini” par Colucio Salutati, chancelier de la République.

Plusieurs mentions de la charge de vicaire pontifical sont faites au cours des années 1370. Elles concernent Tolentino, S. Ginesio et Camerino mais les trois villes n’apparaissent pas ensemble dans les mêmes documents. Le 9 septembre 1372, Grégoire XI s’adresse à R. comme à son “vicaire général au temporel pour les castra de T. et de S. G.”, puis, un an plus tard, comme à son “in civitate nostra Camerinensi pro nobis et E. R. in temporalibus vicari[us]”.

Au début du Grand Schisme, R. obtient d’Avignon la confirmation de sa charge de vicaire, et peut-être l’extension de sa juridiction. Dans une bulle de mars 1378, par laquelle il l’exhorte à cesser la guerre contre Matelica et San Severino, Clément VII s’adresse à R., “pro nobis et romana ecclesia in nonnullus terris nostris provincie Marchie Anconitane in temporalibus vicarius”.


Modalità di accesso al potere:

R. succède à son grand-père comme le chef de la famille da Varano. Il est l’aîné des petits-fils de Gentile II, le premier des héritiers de ce dernier après la mort précoce de son propre père. Il bénéficie d’un système de succession patrilinéaire et de la marginalisation des autres branches de la famille. Il hérite d’un vaste patrimoine, de biens, de droits et d’un réseau de clients, qui lui permettent de détenir de facto un important pouvoir à Camerino et dans la Marche d’Ancône.


Legittimazioni:

R. se rallie à Albornoz quand ce dernier entreprend de réaffirmer par les armes l’autorité des pontifes dans la Marche d’Ancône et en Romagne, ce qui lui permet d’être constitué “vexillifer ecclesiae Romanae in Marchia Anconitana” par Innocent VI le 17 mars 1355 (autre attestation en 1362). R. combat en particulier les ambitions des Malatesta dans la Marche et contribue à la capture de Galeotto Malatesta, frère de Malatesta l’Antico, dans les environs de Recanati en 1355. Les relations ne sont peut-être pas sans nuage entre le légat et son capitaine, Matteo Villani avançant que R. est brièvement emprisonné sur ordre d’Albornoz en 1360. R. entretient d’étroites relations avec la papauté et Grégoire XI, qu’il a sans doute rencontré en Avignon. Lors d’un déplacement dans le sud de la France, en 1375, le pape lui fait obtenir une recommandation de l’évêque de Valence, afin qu’il puisse s’arrêter au monastère Saint-Antoine (dioc. Vienne). Deux ans auparavant, il l’avait recommandé à Jeanne Ier de Naples, pour qu’il soit engagé comme condottière alors qu’il avait déjà pris part à des négociations entre la reine et Urbain V, en 1368. L’engagement miliaire dans le camps pontifical est une des lignes directrices de sa politique et R. sait en tirer partie. Il obtient l’autorisation d’importer sur ses terres vin, orge et épeautre, en dérogation à la législation pontificale dans ce domaine (1362), mais il voit surtout sa domination territoriale légitimée (concession en fief de Tolentino et S. Ginesio) ou tout au moins en partie acceptée par le représentant du pontife. Dans les années 1370, R. obtient de Grégoire XI le vicariat au temporel sur la cité de Camerino et plusieurs autres lieux (cf. supra). En 1373, il est appelé avec ses frères à prendre part à la lutte de l’Eglise contre les Visconti.

Des obligations réciproques s’établissent entre la papauté avignonnaise et R. Le second prête d’importantes sommes d’argent à la première (remboursement ordonné en 1374), qui lui accorde peu après une baisse des taxes fixées par Guillaume Noëllet et pesant sur Tolentino et S. Ginesio. Ses relations permettent également à R. de solliciter directement le pape lors de conflits l’opposant à ses officiers dans la Marche, notamment au sujet d’une forteresse probablement usurpée mais dont il se dit spolié par le maréchal du pape dans la province. Les quatre frères da Varano sont considérés par Grégoire XI comme des soutiens et font partie de la longue liste des destinataires de la lettre par laquelle le pape annonce son intention d’être de retour à Rome en septembre 1375.

Autorisé par le pontife à assumer la charge de capitaine de la guerre à Florence (première obtention en 1369), il se trouve en porte-à-faux lorsqu’éclate la guerre des Huit saint.  R. commence par honorer ses engagements vis-à-vis de son employeur et occupe, avec les troupes florentines, Bologne qui s’est rebellée contre Grégoire XI. Profitant un temps du conflit pour étendre son influence dans la Marche, il change de camp et abandonne la Ligue. En janvier 1376, Grégoire XI le démet de sa charge à Tolentino et S. Genesio et confie le vicariat à ses frères Giovanni et Gentile qui ont choisi le camp pontifical, ce qui n’est peut-être pas étranger au revirement de R. Pour le punir de sa trahison, Florence le prive, lui et ses héritiers mâles, de la citoyenneté qu’il avait obtenue (septembre 1377) et le fait peindre de façon infâmante sur plusieurs édifices publics. Au milieu de l’année 1377, R. a sous son contrôle plusieurs des capitaines bretons employés par le pape, dont Silvestre Bude. Après leur départ, il est sèchement vaincu devant Tolentino par les troupes florentines conduites par le comte Lutz von Landau (octobre 1377). Le contado de Camerino est ensuite dévasté par les hommes d’Hawkwood.

R. se trouve à Fondi en 1378, aux côtés des cardinaux qui élisent Clément VII contre Urbain VI. Le cardinal Giacomo Orsini auquel R. est apparenté (cf. infra) a suivi les frondeurs bien qu’il s’abstienne lors du vote. Dans un des récits où Franco Sacchetti le met en scène (novella 41, cf. infra), interrogé sur son rôle dans le déclanchement du Schisme, R. répond : “Aiolo fatto perché abbiano tanto a faré de’ fatti loro ch’ e’ nostri lascino stare”. Dès mars 1379, il est cité par Clément VII comme l’un de ses vicaires au temporel en Italie (cf. supra). Le soutien logistique et le bon accueil offerts par R. à Louis d’Anjou, oncle du roi de France et prétendant au trône de Naples, lors de la descente de ce dernier vers Naples en 1382, s’explique en partie par la position de R. au début du Grand Schisme et par ses liens antérieurs avec la papauté avignonnaise. Les Smeducci, seigneurs de la proche Sanseverino souvent opposés aux da Varano, ont eux pris le parti de Carlo di Durazzo. A cet autre facteur explicatif, il convient d’ajouter encore opportunisme et pragmatisme :  quelle qu’ait été l’orientation stratégique décidée par R., l’Angevin devait passer par ses terres lors de sa descente. En 1392, Niccolò Spinelli rappelle encore que R. ”adhesit domino pape Clementi dum vixit, et fuit servitor quondam clare memorie regis Ludovici”.


Caratteristiche del sistema di governo:

Les informations sur le fonctionnement de la commune de Camerino sont rares mais l’influence qu’exercent sur elle les da Varano tient d’abord plus du fait que du droit. Le préambule des statuts de la commune réformés en 1355 mentionne les magistratures traditionnelles des communes populaires, podestat et capitaine du peuple et cite les “sapienti viri qui participent à la nouvelle rédaction. En l’état actuel des connaissances, aucun de ces hommes ne semble faire partie de la famille da Varano. A la fin des années 1360, la commune fait recopier sur un grand parchemin plusieurs des privilèges qu’elle a reçus depuis plus d’un siècle, et dont certains avaient déjà été insérés dans le Libro Rosso en 1345. Parmi eux figurent celui définissant l’étendue d’une juridiction englobant par exemple Serravalle, Caldarola, Cessapalombo ou bien encore Esanatoglia. Sur plusieurs de ces terres, les da Varano exercent un fort pouvoir face auquel la commune tient à faire valoir ses droits.

En 1371, aux yeux d’Anglic Grimoard, vicaire général du pape en Italie, Camerino et sa commune semblent tombées sous la coupe de R. et de ses frères (“Civitas Camerinensis licet regatur per Commune, tamen dominus Rodolphus et sui fratres merentur pocius dicti Rectores quam Commune”). Ces derniers se sont imposés comme les représentants de la ville, s’acquittant de la taille et répondant pour elle aux convocations “ad parlamentum et ad exercitus et cavalcatas”. Les remarques du vicaire indiquent que le pouvoir exercé par les da Varano sur Camerino provient d’abord de leurs moyens économiques et militaires. De fait, R. et ses frères sont règulièrement sollicités par le pape ou le recteur de la Marche pour participer à des opérations militaires contre les ennemis de l’Eglise et pour défendre le territoire. Face à la menace d’une nouvelle attaque des compagnies de mercenaires, en décembre 1364, Urbain V exhorte la commune de Camerino ainsi que les quatre frères da Varano à protéger ses terres. En 1374, Grégoire XI envoie un de ses émissaires en Italie. Il le recommande à plusieurs nobles de la péninsule, dont les frères da Varano. Ces éléments suggèrent qu’à la fin des années 1360 et au début des années 1370, l’emprise des da Varano sur la cité se fait plus pesante.

Même lorsqu’il est officiellement conféré par le pape ou en partie issu d’une délégation arrachée à la commune, le pouvoir des da Varano reste dépendant des institutions populaires, de leur organisation administrative et de la légitimité politique dont elles sont dépositaires. En 1371, parce qu’un prêt consenti par R. à la commune pour répondre aux exigences de mercenaires menaçant de dévaster le contado n’a pas été remboursé, le recteur de la Marche convoque les représentants des institutions populaires, podestat, capitaine du peuple, capitaines des Arts et conseil de la commune. L’intervention de l’officier pontifical doit être lue à deux niveaux. Elle confirme que les finances publiques et la défense de la cité sont des domaines d’intervention privilégiés par les da Varano, comme le montre encore l’accord passé avec les mercenaires de la compagnie de San Giorgio moins de dix ans plus tard. Elle souligne également qu’à cette date, l’influence de ces dernier est loin d’être un pouvoir absolu, la commune conservant une part de son autonomie décisionnelle. Il faut ajouter que Tolentino, de taille bien plus modeste et tenue en fief, est le principal lieu de résidence de R. Il y reçoit Louis d’Anjou en 1384. Dans une version de son testament postérieure à 1377, il y fonde un hôpital, là et non à Camerino. Il demande encore à y être enterré au cas où il viendrait à mourir ailleurs que dans la cité dont il se déclare citoyen, et dans la cathédrale de laquelle sa famille possède pourtant une chapelle qu’il embellit lui-même (une version ancienne du testament, datée de 1373, se contentait de prévoir une sépulture dans la cathédrale). Ces éléments indiquent que Camerino ne saurait être considérée ni comme sa propriété ni comme la capitale d’un supposé et anachronique Etat territorial.


Sistemi di alleanza:

R. est un véritable spécialiste de la conduite d’opérations militaires d’envergure. D’après Matteo Villani, il se joint un temps au roi Louis Ier de Hongrie lors de l’expédition de ce dernier en Italie du Sud, au tournant des années 1340-1350. Il obtient régulièrement d’importantes fonctions militaires, auprès du pape, très probablement auprès de la reine Jeanne Ier de Naples, et auprès de Florence. Ces charges obtenues à l’extérieur des terres sur lesquelles s’exerce son influence ne lui permettent cependant pas de protéger efficacement ses dernières. Dès 1378, des alliances défensives sont passées entre des cités de la Marche d’Ancône et du Duché de Spolète. Le traité conclu en juin 1380 avec la compagnie de Saint-Georges mentionne les territoria collegatorum de R. : Fermo, Ancona, Recanati et Perugia.

Sur le plan des alliances matrimoniales, les da Varano s’associent étroitement aux Malatesta. A plus de 60 ans, Galeotto di Pandolfo (I) Malatesta épouse en seconde noce Gentilia da Varano, fille de R. et veuve de Gentile Orsini. La sœur de cette dernière, Elisabetta, est donnée en mariage à Malatesta di Pandolfo II, petit-neveu de Galeotto. Le cousin germain des deux femmes, Rodolfo III, reçoit quant à lui pour épouse Elisabetta di Pandolfo II, sœur de Malatesta. Deux des sœurs de R., Sofia et Leda, ont été données en mariage à des fils de Smeduccio di Nuccio, issus de la puissante famille de San Severino avec laquelle les tensions sont récurrentes. Il faut évoquer une troisième famille de la Marche, les Chiavelli de Fabriano. R. a épousé en seconde noce une nièce de Guido Napolitano, Camilla, dont le père, Finuccio di Alberghetto Chiavelli, était marié à une certaine Cirilla da Varano. Venanzio, frère de Rodolfo, a pour épouse Giovanna, une des filles du même Alberghetto Chiavelli.

Les alliances matrimoniales sont tissées au-delà de la Marche, et Gentile di Venanzio, neveu de R., épouse en 1373 Isabetta, fille de Guglielmo Bevilacqua, proche des seigneurs de Vérone. Plus important sont cependant les liens établis avec la puissante famille Orsini. Une sœur de R., Guglielma, est la première épouse de Rinaldo di Orso Orsini, fils aîné du comte de Tagliacozzo. Vers 1375, le frère de ce dernier, Giovanni, plusieurs fois sénateur de Rome, prend comme femme Nicoletta, fille de Gentile di Guido Orsini et petite-fille, par sa mère Gentilia, de R. Gentile Orsini, comte de Soana, se trouve être un cousin germain du cardinal Giacomo Orsini. La parenté de ce dernier avec Giovanni di Orso est rappelée par Grégoire XI dans ses interventions, fermes et nombreuses, lors des négociations difficiles (1373-1374) pour le mariage de Giovanni avec Nicoletta. Un autre fils d’Orso Orsini, Francesco, est cité comme archidiacre de Camerino en 1343 et en 1356.


Cariche politiche ricoperte in altre citt?:

En 1369, R. est élu “capitaneus guerrae par les Florentins. En 1373, il est podestat et recteur du castrum de Camporotondo sul Fiastrone, qui ne s’en présente pas moins comme “liberum et exemptum a judice presidatus Camerini et eius officio” (l’année suivante, le giudice dei Malefici de la Marche confirme bien que Camporotondo jouit du merum et mixtum imperium). R. occupe également l’office de podestat à Penne S. Giovanni, Belforte et Sarnano en 1374.

 


Legami e controllo degli enti ecclesiastici, devozioni, culti religiosi:

Selon l’historiographie du xviie siècle, R. aurait pris part à une expédition croisée à Smyrne, en 1350. Il aurait été accompagné de mille hommes de Camerino et aurait rapporté d’Orient une icône miraculeuse de la Vierge, que l’on aime reconnaître en l’image byzantine encore aujourd’hui conservée dans la ville. Bien que largement repris, cet événement n’est pas documenté. Un registre de délibération communale de Norcia, qui cite R. en1383, mentionne en revanche un récemment séjour de ce dernier en Dalmatie.

R. a hérité de son grand-père du droit de patronage sur l’église du castrum de Cessapalombo. En indivision avec ses trois frères, il possède également celui de la plebs de Favera. De nombreuses églises du contado dépendent de cette dernière. Son plébain dispose de la juridiction civile et criminelle, au spirituel comme au temporel, sur les clercs de l’ensemble de son territoire et sur les laïcs du castrum de la plebs et de celui de Croce.

La présence des da Varano dans le clergé du diocèse est visible à l’intérieur de la cité. Un oncle de R., Angelo, est chanoine de la cathédrale (1343). Par ailleurs, plusieurs membres d’une branche cadette des Chiavelli, dont la terra de Fabriano appartient au diocèse de Camerino, occupent d’importantes fonctions (chanoines) au sein de l’ecclesia matrix. Gioioso Chiavelli est évêque de la cité de 1356 à 1360 puis de 1374 à 1378, son neveu Benedetto lui succédant de 1378 à 1390. Cependant, si l’influence de la famille sur les élections et les nominations des clercs ne fait pas de doute, on ne saurait là encore parler de véritable prise de contrôle. La papauté tient vraisemblablement à contenir les ramifications du pouvoir de R. Malgré l’insistance de ce dernier, Grégoire XI refuse de nommer un de ses petits-fils (ou tout au moins un de ses descendants directs, nepos) évêque de Camerino en 1373, au motif du jeune âge du prétendant.


Politica urbanistica e monumentale:

Politica culturale:

Consenso e dissensi:

Les fils de Berardo II exercent une pression commune sur la cité de Camerino mais leurs positions sont clairement hiérarchisées. Le testament de Gentile II présente dans l’ordre Rodolfo, Giovanni, Venanzio et Gentile. Le premier est qualifié de “magnificus miles”, le deuxième de “nobiles miles” et le troisième de “dominus” quand le dernier n’a même pas droit à ce titre. Cependant, ces titulatures dépendent étroitement de l’âge des protagonistes au moment de la rédaction du document.

Dans les années 1370, les frères da Varano sont fréquemment cités ensemble dans la documentation pontificale, où leurs actions communes apparaissent (vicaires de Tolentino et S. Ginesio, 1372 ; appel à lutter aux côtés de l’Eglise contre les Visconti, février 1373). Si l’union des quatre hommes assure leur emprise sur Camerino, leurs rivalités n’en semblent pas moins réelles. Grimoard observe qu’ils “non sunt bene concordes, et propterea civitas Camerinensis patitur in multis”. De fait, les débuts de la guerre des Huit saints les voient se répartir dans des camps opposés. L’historiographie avance parfois qu’il s’agit d’une ruse et qu’ils se sont mis d’accord pour tirer des bénéfices des deux camps, ce qui conforte la thèse d’un pouvoir dynastique précocement solide et cohérent. Une telle lecture semble peu fondée. Dès 1377, le rédacteur d’un diario toscan croit savoir que Venanzio aurait tenté d’empoisonner ce dernier parce qu’il “aveva tradito il Papa e ’l Comune di Firenze e la Lega e tutti collegati d’Italia”. Par ailleurs, la mort de Rodolfo est suivie d’une lutte violente entre ses héritiers (vede scheda “Gentile III da Varano). Deux générations après, le conflit sanglant opposant les fils du neveu de R. montre que le partage du pouvoir s’opère toujours selon des équilibres fragiles et empiriques, en dehors d’un principe de succession clairement établi.


Giudizi dei contemporanei:

R. jouit d’une assez bonne image dans plusieurs chroniques du temps. Pour Matteo Villani (Cronica, IV, lvii), le “capitano di guerra” d’Albornoz est un “pro’ e valentre cavaliere”. Il devient par ailleurs, dès la fin du xive siècle, un personnage littéraire, figure du seigneur simple et bonhomme, auteur de bons mots comme de sentences sages ou marquées du sceau du bon sens. Il apparaît fréquemment dans le Trecentonovelle composé jusque vers 1400 par Franco Sacchetti (ni7, 38, 39, 40, 41, 90, 104, 182). Le Florentin a rencontré R. à Bologne en 1376 et le tient en haute estime malgré la trahison du condottière pendant la guerre des Huit saints. Plusieurs épisodes de Sacchetti sont repris dans les Confabulationes de Poggio Bracciolini (n°51-54, 75, 76, 235, 255), achevées vers 1452, ainsi que, plus tardivement, dans les Detti et fatti di diversi signori et persone private de Lovodico Domenichi (seconde moitié du xvie siècle).

La mémoire de R. s’est conservée chez les historiens humanistes. Platina fait figurer les da Varano dans la liste des tyrans qui ont occupé les territoires pontificaux, “instigante Bavaro”, avant d’être confirmés “vicaires” par Albornoz. Dans la Vie de Grégoire XI, de façon plus positive, il rappelle le secours apporté aux Bolonais par le “dux” Rodolfo, sur ordre des Florentins.


Fine della dominazione:

Principali risorse documentarie:

Camerino, Sezione Archivio di Stato, Pergamene, fasc. 7, n°57 (confirmation des privilèges de Camerino par Albornoz, 8 décembre 1354); Fabriano, Archivio storico comunale, carte diplomatiche, busta X, n°491 (bulle de Clément VII, octobre 1378); Città del Vaticano, Archivio Segreto Vaticano, Reg. Vat. 266, 20v-22r; Reg. Vat. 269, 247v-248v, 343r-344r; Reg. Vat. 271, 237rv.


Bibliografia delle edizioni di fonti e degli studi:

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P. Colliva, Il cardinale Albornoz, lo Stato della Chiesa, le “Constitutiones Aegidianae” (1353-1357), Bolonia, 1977; A. Gherardi, La guerra dei Fiorentini con papa Gregorio XI detta la guerra degli Otto Santi. Memoria compilata sui documenti dell’archivio fiorentino, in Archivio Storico Italiano, 3° serie, t. V, parte II (1867), pp. 35-131; t. VIII, parte I (1868), pp. 260-296; C. Lilii, Istoria di Camerino, t. II, Camerino, 1835; G. Pagnani, La quasi sovranità di un piccolo comune delle Marche: Camporotondo sul Fiastrone, in Camerino e il suo territorio fino al tramonto della Signoria. Atti del XVIII convegno di studi maceratesi (Camerino, 13-14 novembre 1982), Macerata, 1983 (Studi maceratesi, vol. 18 (1982)), pp. 219-268.

 


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